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Les Rouages de l'Inconnaissance

by Peter Hart + Billy Guidoni

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1.
2.
Sur Un Banc 05:07
3.
4.
Le Matin 04:24
5.
L'Empreinte 03:10
6.
7.
La Grotte 03:59
8.
Le Sillon 05:57

about

Une collaboration entre un poète de l'impossible et un batteur de l'imaginaire.

Tout est inconnaissable. Tout est l’inconnaissable et l’inconnaissance. Il est immonde de ne pas pouvoir vraiment connaître le monde dans lequel on vit. Il doit y avoir d’autres modes d’existence, connaissables mais inconnus, vides mais transparents. Tant qu’on ne trouve pas le point d’entrée, on ne pourrait pas savoir. Cela pourrait sembler paradoxal. Effectivement, cette figure de style est la seule qui est vraiment présente dans la réalité. Les mécanismes qui nous gouvernent sont contradictoires. Il est normal de vouloir sortir de ce cadre et vivre autrement, idéalement dans une cohérence absolue. Ceci est trop logique pour être un rêve. Le désir va à l’encontre de la raison. Il déborde trop pour vraiment habiter ce monde. Dès qu’il surgit, il tombe par terre, cherche désespérément la sortie la plus proche, à s’esquiver avant que personne ne le voie. Malheureusement pour lui, il est trop maladroit. Il ne sait pas rester discret. Tout autour de la pièce, il y a des objets qui tombent. Dès qu’il bouge tout le monde le voit. Ici, il n’est pas à sa place. C’est un intrus, un clandestin. En tant que la seule véritable banalité, il doit se rendre intraçable. Tous les systèmes de surveillance sont déployés pour l’arrêter. Il est comme un tableau volé. Une fois qu’il sort du musée, personne ne peut deviner où il se cache. Tout est désormais invisible, dans la sphère privée derrière des portes fermées – personne ne pourrait savoir laquelle, elles ne sont que des chiffres – les lieux silencieux où la vaste majorité de l’intrigue se déroule. Peu importe. Il finira sur le marché. Quelqu’un l’achètera. Ça sera tellement rapide que personne ne sera au courant de ce qui s’est passé. L’événement qui n’en est pas un, la division dans la douleur, la nuit sombre du visage ému, l’obscurité irrémédiable du crâne, les lèvres qui s’envolent dans le vent putride, en un mot, l’inconnaissance. Personne ne voit passer le temps, l’avenir ne vient jamais, tout ce qu’on a connu est un mensonge. Seule option, un travail personnel de dingue, une tentative de sortir du cadre. Tout le monde a essayé, en principe ça ne marche pas, mais ça vaut quand même la peine. Par exemple, se prendre en photo sans l’autre moitié du corps ou prendre une photo de seulement une partie du corps. N’importe laquelle fera l’affaire. Le but est de se porter témoin, d’avoir au moins une fois une trace du moment présent, une empreinte dans la forêt que personne ne verra. C’est accepter de vivre dans l’incertitude, de saisir l’obscurité, d'assumer sa cécité sans que personne ne soit au courant. C’est creuser sa propre tombe sans savoir à qui c’est, faire s’effondrer la nuit en la dévisageant, traverser une déchetterie sans regarder par terre. La sortie du monde connu est difficile, douloureuse. C’est une renaissance, un rite de passage indispensable mais peu pratiqué. Personne n’a envie de passer par là. Personne ne le choisit. Ça tombe du ciel. Dès fois, ça te tombe dessus. Littéralement. Au départ, c’est pénible, après, il n’y a pas de regret. Il y a seulement le matin, la réalisation que la vie continue même après le pire. Les visions ne s’arrêtent pas. Elles finissent par surgir n’importe quand, une fois la douleur passée, elles y seront pour toujours. Vision cicatrice, vision baptême, vision coup de soleil, vision ride, vision rideau, il y en a plein, la brume qui se dissipe sur l’horizon trop proche. Le seul désir est une forêt. Dans la nature, tout est réel, alors il n’y a pas de cadre. Personne ne fait semblant. Vivre autrement ne veut rien dire, l’acceptation est un réflexe insaisissable. En se répétant, elle se déplace vers l’horizon. Elle ne laisse pas de trace. Dans la nature, il n’y en a pas, il y a seulement des rites de passage et, dans l’absence de bon matériel, des transformations. Entre chaque phase, la coupure, vision cicatrice, vision baptême, le coup de soleil invisible. On ne ressent plus l’air contre la peau dans le désert du désir, la montée vers la grotte paradisiaque. Il y en a
une dans les montagnes, à côté du cercle sacré. Tout est neuf et sacré sur la montagne. Les extrêmes purifient tout - vision ride, vision rideau. Les visions sont limitées, ça ne peut pas durer pour toujours, on ne peut pas quitter le monde connu sans jamais revenir, atteindre le sommet sans jamais descendre. Il n’y a plus d’illusion, la brume matinale a disparu, avant que personne n’ait eu le temps de la voir. La réalité est devenue prosaïque. Désormais, elle sera sous-titrée. On ne pourra pas voir tout ce qui se passe sur l’écran mais au moins on pourra suivre l’histoire. Le problème : on pense avoir le temps. En réalité, on ne le possède pas, c’est plutôt lui qui nous possède, lui qui nous dit qu’une fois dans la grotte, quelque part au milieu des montagnes, on ne pourra pas en sortir. C’est un peu comme la vie. Une fois entré, c’est très difficile de prendre congé et celui qui a envie de le faire doit avoir une très bonne excuse. Le temps est comme la vie, elle n’existe que pour disparaître, dès qu’on commence à la connaître, elle prend la fuite. Celui qui la connaît n’y comprend rien, c’est un peu comme l’intuition, ça fonctionne sans la conscience. Depuis très longtemps, la conscience fait foirer tout, ses dégâts sont tellement répandus qu’il est difficile, voire impossible de s’en rendre compte. Ils sont sur tous les coins de rue. On est tenté de dire que, si elle n'existait pas, il n’y aurait pas de mal dans le monde. Toute l’humanité sera un immense fleuve, tout coulera de la même source et vers le même but. C’est effrayant, personne n’aurait envie d’y être et, pourtant, ceci est la définition même de l’harmonie. « Fleuve », « inconscience », « inconnaissance » sont tous synonymes mais ce n’est pas tout le monde qui peut le comprendre - il faut déjà être à une certaine altitude. Au fur et à mesure qu’on monte, les choses d’en bas deviennent de plus en plus floues, mais on voit de plus en plus loin. Une fois au sommet, c’est difficile de distinguer un homme d’un arbre. Ce n’est pas très grave. Ce n’est qu’un détail d’un tableau plus large dont le bord restera toujours fuyant, insaisissable, invisible. À travers ces soi-disant amalgames, rêve et réalité s’allient dans une lutte plus profonde et variable. Celle de l’inconnaissance qui vise à maintenir l’écran de fumée jusqu’à ce qu’on oublie où on est. Continuer d’avancer sur le terrain dans un brouillard impossible, entrer à l’intérieur du souvenir seulement pour découvrir que c’est un cocon, lâcher ses larmes au bord de la route sans aucun regret, inconnaissable, inconnaissance, vision baptême, coup de soleil, la conscience aiguë de l’inconnaissance, le lieu de la découverte qui se noie avant de voir le jour. Voir le jour, voir tout court, se voir dans la grotte de l’inconnaissance, voir les rouages tout au fond, se promener tout autour pour tout voir. On n’a pas envie de se perdre là-bas tout au fond, où il n’y a personne pour venir à notre secours. On ne voit pas les traces qu’on laisse quand le soupir descend jusqu’à la sphère sainte du sillon, une réalité parmi toutes les autres, une réalité autre, les rouages persistent à tourner même lorsque personne n’est là – vision baptême, vision inconnaissable, notre baptême du feu, ce vigile inlassable qui veillent sur les vagues immuables de l’inconnaissance, ce réveil qui naît et meurt dans le feu de joie, toucher à l’inconnaissance, au fantôme de la vie qui s’expérimente sans recours à la conscience. La mort inévitable de toute pensée consciente est parmi les vagues violentes qui s’éloignent avec l’horizon et s’accrochent à la vie fataliste. Quelque part sur cette terre insensée, quelqu’un a regardé le soleil et a enterré son feu - la seule façon de sonder l’œil et de voir entre les rouages et les nuages, la graisse crasseuse dont le seul objectif est de se coller à cette vie, perdre sa peau et sa tête dans la colle, considérer la chute d’eau comme étant en mouvement, les rouages le rêve d’un rouage, de la graisse un peu partout.

La seule écriture mime
L'indicible qui lime
La loi.

Pour une fois,
La pulsation primordiale
A laissé tranquille le souffle

Et le silence
N'est que le rythme irrégulier
Du jugement dernier.

credits

released September 12, 2022

Peter Hart - poésie
Billy Guidoni - batterie

Enregistrement, mastering, technique et effets - Alex Papi Simonini
Édition et mix - Billy Guidoni, Peter Hart
Pochette - Peter Beales

Enregistré le 31/07 et le 01/08/2021 dans le studio de Radio Grenouille à la Friche de la Belle de Mai, Marseille FR

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Peter Hart Marseille, France

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